Les enjeux politiques du pèlerinage par voie de terre depuis la Syrie mandataire (1926-1939) - Université Rennes 2
Communication Dans Un Congrès Année : 2021

The political issues of the pilgrimage by land from Syria (1926-1939)

Les enjeux politiques du pèlerinage par voie de terre depuis la Syrie mandataire (1926-1939)

Luc Chantre

Résumé

Increasingly involved in the pilgrimage to Mecca (hajj), the French Mandatory authorities were quick to impose on the Muslims of Syria and Lebanon a method of pilgrimage by sea that they felt had already proved its worth in North Africa. This was without taking into account the multiple forms of resistance that began to emerge from the beginning of the 1930s, whether on a national, regional - with the reactivation of a pan-Islamic imaginary around the Hedjaz railway or the caliphal route of Hārūn ar-Rashīd - or local scale. Above all, the mandatary authorities came up against the material reality of the growing development of automobile transport in the Arabian Peninsula and more broadly in the Near and Middle East. In such a context, French reactions appeared disordered, to say the least, oscillating between experimentation, cooperation and repression, as events unfolded.From the very first year the French army was established on Syrian territory, it was confronted with an upsurge in the number of Muslim pilgrims leaving for Mecca (hajj) after several years of interruption due to the war. In 1921, there were almost 1,500 candidates for the hajj from Beirut, while the merchants of Damascus aspired to see their city once again become the point of convergence of the Mediterranean, Euphrates, Anatolian and Central Asian routes. So much so that the French Mandatory authorities even considered reviving the Ottoman tradition of the Syrian mahmal, interrupted in 1916, before backing down in the face of the cost of such an operation 1 . Instead, pilgrims were encouraged to take the sea route from the forty-year-old Beirut station, which the French army had planned to completely redevelop in 1919 as part of an ambitious urban reorganisation project carried out in conjunction with the Beirut City Council 2 . The station was placed under the authority of the director of the Levant troops service, a French military doctor who was both an inspector of hygiene services and director general of quarantine services 3 . As in North Africa a few years earlier, compliance with health requirements was to be the cornerstone of the organisation of the pilgrimage to Mecca. A decree dated 27 April 1926 stated that, although the land and sea borders were theoretically open, the port of Beirut was the only port authorised to take pilgrims on board, as it was the only port in the States under mandate with a sufficiently equipped lazaretto. These provisions were in line with the sanitary convention adopted the same year by the Office International d'Hygiène Publique (OIHP), which required ships to be the preferred mode of transport from a sanitary point of view. This was without taking into account the success at the same time of overland modes of transport - rail and motor transport - whose development in the pilgrimage economy was a political issue in itself.
Impliquée de manière croissante dans les affaires du pèlerinage à La Mecque (hajj), les autorités mandataires françaises ont tôt fait d'imposer aux musulmans de Syrie et du Liban un mode de pèlerinage par la voie maritime dont elles estiment qu'il a déjà fait ses preuves en Afrique du Nord. C'est sans compter les multiples résistances qui commencent à émerger à compter du début de la décennie 1930, que ce soit sur une échelle nationale, régionale -avec la réactivation d'un imaginaire panislamique autour chemin de fer du Hedjaz ou encore de la route califale de Hārūn ar-Rashīd -ou locale. Les autorités mandataires se heurtent surtout à la réalité matérielle du développement croissant du transport automobile dans la péninsule arabique et plus largement au Proche et au Moyen Orient. Dans un tel contexte, les réactions françaises apparaissent pour le moins désordonnées, oscillant, au gré des événements, entre expérimentation, coopération et répression.Dès sa première année d'installation en territoire syrien, l'armée française est confrontée à une recrudescence des départs des pèlerins musulmans vers La Mecque (hajj) après plusieurs années d'interruption pour cause de guerre. En 1921, ils sont ainsi près de 1 500 candidats au hajj au départ de Beyrouth, tandis que les commerçants de Damas aspirent à voir leur ville redevenir le point de convergence des routes de la Méditerranée, de l'Euphrate, d'Anatolie et d'Asie centrale. Si bien que les autorités mandataires françaises envisagent même un temps de renouer avec la tradition ottomane du mahmal syrien, interrompue en 1916, avant de reculer face au coût d'une telle opération 1 . Les pèlerins sont alors plutôt incités à prendre la voie de mer depuis la station quarantenaire de Beyrouth dont l'armée française a prévu dès 1919 d'entreprendre le réaménagement complet dans le cadre du projet ambitieux de réorganisation urbaine mené de concert avec le conseil municipal de Beyrouth 2 . Cette station est placée sous l'autorité du directeur du service des troupes du Levant, un médecin militaire français, ayant la double qualité d'inspecteur des services d'hygiène et de directeur général des services quarantenaires 3 . Comme en Afrique du Nord quelques années plus tôt, le respect des obligations sanitaires va constituer la pierre fondatrice de l'organisation mandataire du pèlerinage à La Mecque. Un arrêté du 27 avril 1926 rappelle ainsi que, si les frontières terrestres et maritimes sont théoriquement ouvertes, le port de Beyrouth constitue le seul port autorisé à embarquer des pèlerins car il est le seul port des États sous mandat pourvu d'un lazaret suffisamment équipé. Ces dispositions sont alors en phase avec la convention sanitaire adoptée la même année par l'Office International d'Hygiène Publique (OIHP) qui impose navire comme mode de déplacement privilégié d'un point de vue sanitaire. C'était sans compter le succès rencontré à la même époque par les modes de transports terrestres -chemin de fer et transport automobile -dont l'essor dans l'économie du pèlerinage constitue un enjeu politique en soi.
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hal-04857736 , version 1 (28-12-2024)

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Citer

Luc Chantre. Les enjeux politiques du pèlerinage par voie de terre depuis la Syrie mandataire (1926-1939). 4e Congres des études sur le Moyen-Orient et les mondes musulmans, GIS Moyen-Orient, Jun 2021, Lyon, France. ⟨hal-04857736⟩
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