En mars 2007 le ministère sud-coréen du Commerce de l'Industrie et de l'Energie de Corée du Sud annonçait l’élaboration prochaine d’un code éthique pour les robots par un groupe d’expert ad hoc regroupant des futurologues et un écrivain de science fiction2. Mme Park Hye-young, membre du bureau de la robotique au ministère, a précisé que le code éthique s’inspirerait des fameuses lois de la robotique rédigées par Isaac Asimov dans les années 40. Le Code aura pour objectif d’«éviter qu'ils [les robots] soient victimes d'abus par les hommes, ou vice versa» ... Les réflexions éthiques ou morales sur l’usage des robots émergent ici et là, non plus seulement dans la science fiction, qui brode sur ce thème depuis plus d’un siècle, mais également dans le discours économique, comme en témoigne cet exemple, ou encore dans certaines revues scientifiques. Blay Whitby, philosophe spécialiste de l’éthique et de la technologie, proclame dans un article paru en 2008 l’urgence de l’adoption de règles éthiques en matière de traitement des robots3. Soulignons que B. Whitby ne se demande pas si les hommes devraient être protégés contre les robots, mais jusqu’à quel point les hommes peuvent faire subir des mauvais traitements à ces machines. Ces interrogations témoignent de la réflexion qui prend corps au fur et à mesure des avancées scientifiques dans le domaine de la robotique ainsi que de l’étrange mélange des genres entre la science et la science fiction, dans la recherche de la solution à la question de l’acceptabilité des robots en société. On doit vraisemblablement à Karel Čapek, ou à son frère Joseph, l’invention du terme robot, qui viendrait du tchèque « robota »: corvée ou besogne4. Čapek emploie le terme dans une pièce de théâtre, Rossum's Universal Robots5. Dans la pièce présentée à Prague en 1921, l’auteur met en scène des machines réalisées pour travailler à la place des hommes, les robots, qui prennent en charge leurs tâches quotidiennes. Efficaces et bon marché, ils sont cependant dépourvus de conscience et de sensibilité. Ils remplacent également les hommes dans la guerre, choix funeste qui conduira à leur révolte et à la quasi disparition de l’humanité...