Le savant dans le malaise contemporain, entre désir et jouissance
Résumé
This article aims to clarify the position of the scientist, by studying the desire to know that animates all scientists. This desire, rooted in the incompleteness of the symbolic, which is structurally insufficient to give a full account of the world, aims, among other things, to extract knowledge from the real. However, this desire is not pure. Indeed, the “knowledge drive,” as conceived by Freud in 1905, can also satisfy a jouissance of which the scientist himself is not aware. The history of the sciences is peopled by scientists, both men and women, whose personal life was dramatically overturned by their scientific discoveries, or by the catastrophic consequences of those discoveries. It can also happen that a scientist’s oscillation between desire and jouissance blinds him to the disastrous consequences of his research on himself and/or on the people around him. The scientist may find himself overwhelmed by the effects of his experiments and discoveries. Far from setting out a psychology of the scientist, the authors limit themselves to an analysis of the scientist’s subject position, through examples taken from science fiction.
Dans cet article, les auteurs se proposent d’éclairer la position du savant, en étudiant le désir de savoir qui anime les hommes de science. Ce désir, enraciné dans l’incomplétude du symbolique, structuralement insuffisant à rendre compte du monde, vise, notamment, l’extraction d’un savoir dans le réel. Mais ce désir n’est pas pur, car cette « pulsion de savoir », conçue par Freud en 1905, peut, également, satisfaire une jouissance que le savant lui-même ignore. L’histoire des sciences est jalonnée de cas d’hommes ou de femmes de science, dont la trajectoire personnelle a été dramatiquement bouleversée par leur découverte ou par les conséquences catastrophiques de celles-ci. Il arrive, également, que cette oscillation du savant entre désir et jouissance l’aveugle sur les incidences désastreuses de ses recherches sur lui et/ou son entourage. Le savant peut se trouver dépassé par les effets de ses expérimentations et de ses découvertes. Loin de procéder à une psychologie du savant, les auteurs s’attachent à une analyse de sa position subjective, appuyée par quelques exemples puisés dans la science-fiction.